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des tombes Garibaldiennes à Eaux-Puiseaux ?

Jean-François nous explique pourquoi des Garibaldiens ont leurs sépultures dans le cimetière d’Eaux-Puiseaux.

On a appelé « Garibaldiens » des militaires italiens enrôlés par Guiseppe Garibaldi en 1870 pour venir en aide à la France dans sa guerre contre la Prusse, en remerciement de l’aide apportée par Napoléon III lors de la constitution de l’Unité Italienne. A signaler que son fils Riccioli forma en 1914 la Légion Garibaldienne qui combattit avec la France pendant la première guerre mondiale.
En novembre 1870, après la défaite de Sedan, les Prussiens occupent le nord et l’est de la France. Les armées françaises se sont retirées sur le bord de la Loire. Le pays d’Othe occupe donc une position stratégique entre les deux armées. Les dix derniers jours de novembre 1870 vont être très orageux. Le pays d’Othe qui se trouve en position avancée par rapport à l’armée de la Loire va être singulièrement agité.

 

Tout au plus aurait-on conservé le souvenir d’une présence gênante si le 24 ne s’était produit un évènement qui devait compliquer la situation. Quelques habitants d’Eaux-Puiseaux, embusqués dans un bouquet forestier au lieudit « Sainte Colombe » tirent sur les Allemands. Ceux-ci cernent le bois et tuent le nommé Lorne dont on retrouvera le corps deux jours plus tard. Un des tireurs, Monsieur André Guillemin, est fait prisonnier et est emmené à Auxon pour être fusillé le lendemain. Or près de Brienon dans l’Yonne, se trouvent alors des francs-tireurs et des Garibaldiens qui apprennent ce qui s’est passé.  Ils marchent aussitôt vers Auxon, connaissant parfaitement les deux postes allemands principaux installés l’un au Péage, l’autre à la Halle. Au nombre de quarante, ils arrivent à 5 heures du matin, se forment en deux groupes et attaquent vigoureusement les deux postes au cri de « Garibaldi ».

La fusillade crépite pendant une demi-heure au moins. Les Allemands croyant se trouver en face de forces conséquentes lâchent prise et se replient sur la route de Troyes. Voulant absolument s’emparer du commandant Couvreur, les Garibaldiens se rendent à la maison qu’il occupe. Celui-ci a perçu bien vite le danger et au moment où les francs-tireurs enfoncent la porte de sa chambre, chaussé seulement d’un pied, à peine vêtu, il escalade le balcon et se sauve accompagné de quelques-uns de ses hommes. André Guillemin qui n’est plus sous surveillance, en profite pour se cacher dans une cheminée et sauve ainsi sa vie.

Quant au commandant Couvreur, il arrive vers 7 heures du matin au hameau de Voivre près de Chamoy. Il réquisitionne un fermier et se fait conduire à Troyes. Neuf Prussiens ont été tués, dix blessés dont un grièvement. On déplore aussi la mort de neuf Garibaldiens et un blessé grave. Ces Garibaldiens quittent Auxon en emmenant huit prisonniers blessés mais capables de marcher, ainsi que la caisse de la compagnie ennemie et le drapeau prussien qui flottait sur la maison occupée par le commandant Couvreur. Les Prussiens ne reviennent que deux jours plus tard, le 28 novembre à 8 heures. Répartis en deux colonnes, l’une venant d’Eaux-Puiseaux, l’autre de la route de Troyes. Trois mille hommes s’avancent vers le village. Le bourg est cerné, les habitants rassemblés sur la place publique sous la menace d’être fusillés.

Pendant deux heures les Prussiens fouillent les maisons et les pillent. Le maire est frappé et menacé de mort. Un manouvrier Monsieur Arsène Davion qui tente de s’évader, reçoit une balle dans l’épaule. Les soldats lui lient les bras derrière le dos et l’emmènent sur la place pour le fusiller. Six des maisons principales sont incendiées. Les officiers prétendant que le corps de leurs camarades tués dans le combat avaient été mutilés par la population, on se livre alors à une macabre tâche.Des habitants sont requis pour déterrer les cadavres, ce qui permet de constater qu’il n’en est rien. Heureusement il est reconnu bien vite que la population n’est pour rien dans l’attaque et tout se termine là mais la commune est condamnée à verser une amende de 800 000 francs. Le gros des troupes quittera Auxon le lendemain dimanche 24 novembre, laissant sur place 300 hommes sous l’autorité du Commandant Couvreur. Ils resteront là jusqu’au 25 décembre.

Un certain nombre de Garibaldiens ont été enterrés à Eaux-Puiseaux. Des Prussiens ont été enterrés à Auxon.

    J-F Cherrey 

    (Merci Catherine pour ta contribution à l’élaboration de cette page)